Algérie/ Données de santé : qui a le droit d’y accéder ?
- 30 novembre 2024 / Actualité / 58 / Hejer
Données de santé : qui a le droit d’y accéder ?
MeetUp HealthTech organisé par Medafco-ALINOV dans le cadre du programme MercyTech
Lundi 25 novembre, à la Maison ALINOV à Tipaza, un débat passionnant a rassemblé des professionnels et des experts autour d’un sujet qui touche à l’avenir de la santé. Nabil Mostefa, fondateur de la plateforme eTabib, Farid Naït Abdesselam, professeur en informatique et fondateur de la clinique virtuelle Pectoris, Farah Bouras, fondatrice de Think Touch Solution, et Toufik Hamadache, directeur de la clinique Al Azhar, ont partagé leur vision et leur engagement pour transformer les pratiques dans ce domaine.
Par Hakima Laouli
C’était à l’occasion du MeetUp HealthTech, qui suivait la clôture du Bootcamp HealthTech, organisé par l’Académie de leadership, ALINOV, en partenariat avec Medafco Consulting, dans le cadre de son programme MercyTech, lancé en mai dernier. Le panel a été animé par Dr Bilal Yalaoui, chercheur au Cerist et expert en transformation numérique.
Les intervenants ont souligné que sur le plan technique, la sécurisation des données ne pose pas de problème. «Le problème ne réside pas dans le technique. Ce n’est pas non plus une question de verrouiller l’accès, car cela ne servirait à rien si les médecins ne peuvent pas y accéder ni d’ailleurs les chercheurs» estime Nabil Mostefa. La vraie question, a-t-il insisté, est : «qui a le droit d’accéder, à quelles données et comment ?». Il a rappelé qu’en 2016, il a proposé de «décentraliser la donnée de santé avec une blockchain. Un hacker peut attaquer un data center mais pas 50 000 centres».
Et le même intervenant de poursuivre : «la clé réside dans une organisation claire et responsable des droits d’accès, avec une priorité donnée à l’utilisation bénéfique des données, tant pour les patients que pour la communauté : «Ce qui m’intéresse, en tant que citoyen, c’est comment ma donnée de santé va être utilisée pour mon bénéfice et pour celui de la communauté».
Pour Farid Naït Abdeslam, «la sécurité n’est pas un problème. Anonymiser les données de santé est très facile», a-t-il déclaré, avant d’ajouter : «Ce qu’il faut, c’est une volonté de l’Etat pour développer une santé connectée». Selon lui, il est essentiel de séparer les données de santé de l’identité des patients, tout en garantissant leur accessibilité à des fins médicales et de recherche. Les données de santé représentent une ressource essentielle pour l’avenir de la médecine connectée, a-t-il soutenu.
Intelligence artificielle, télémédecine…
Si la protection des données a occupé une place importante dans les discussions, d’autres thématiques ont enrichi le débat. Farah Bouras a présenté sa plateforme CureskyAI, qui regroupe quatre outils de multivigilance (pharmacovigilance, toxicovigilance, phytovigilance et nutrivigilance) conçus pour prédire et éviter les interactions entre médicaments, nutriments et herbes. «L’intelligence artificielle est aujourd’hui la clé de la prédiction et de la réduction des risques» a-t-elle indiqué. Elle a mis l’accent sur l’importance de vulgariser ces innovations auprès du grand public.
Le directeur du Groupe Al Azhar, Toufik Hamadache, a recentré son intervention sur «l’optimisation» pour améliorer le système de santé. Il a évoqué la nécessité d’une gestion rigoureuse des équipements et d’un investissement continu des professionnels. Concernant les infrastructures développées par le groupe, il a cité, entre autres, une clinique médico-chirurgicale, un pôle maternel et infantile, et un centre de chirurgie cardiaque. Un centre d’appels est en cours de réalisation.
Pr Naït Abdesselam a mis en avant le potentiel de la télémédecine pour transformer l’accès aux soins. Il a décrit sa clinique virtuelle, qui offre trois services principaux : la téléconsultation pour des diagnostics à distance, la téléexpertise facilitant la collaboration entre spécialistes, et la téléformation pour accompagner les jeunes médecins dans leur spécialisation. Il a rappelé que la télémédecine, selon les dernières données de l’OMS, peut couvrir jusqu’à 70 % des actes médicaux, permettant de combler les lacunes dans les zones éloignées.
Dr Nabil Mostefa a partagé son parcours entrepreneurial. A l’adresse des étudiants, il a lancé : «Il faut bien réfléchir à votre vocation avant de vous lancer dans une carrière entrepreneuriale. Si vous n’êtes pas faits pour l’entrepreneuriat, ne perdez pas votre temps. Si c’est votre voie, évitez le salariat pour ne pas vous fatiguer ni fatiguer les autres avec vous».
Le programme MercyTech confirme son impact. Les étudiants, issus de diverses disciplines, montrent un intérêt croissant pour les formations proposées lors des Bootcamps, organisés dans un cadre d’apaisement, de réflexion et d’innovation. Ces moments privilégiés sont enrichis par la présence de professionnels et d’académiciens, venus partager leurs expériences et encourager ces jeunes à s’engager avec conviction sur cette voie prometteuse
H.L.
source: https://www.algerieinvest.dz/