L’américain Energy Fuels devient propriétaire du projet Toliara à Madagascar
- 13 septembre 2024 / Actualité / 315 / Hejer
L’américain Energy Fuels devient propriétaire du projet Toliara à Madagascar
Energy Fuels a annoncé en avril 2024 le rachat de Base Resources, notamment en vue de prendre le contrôle du projet de sables minéraux Toliara à Madagascar. Ce projet peut contribuer à positionner le pays comme un fournisseur de terres rares, métaux indispensables à la transition énergétique.
L’américain Energy Fuels a bouclé l’acquisition de l’australien Base Resources, prenant ainsi le contrôle du projet de sables minéraux Toliara à Madagascar. Selon un communiqué du 13 septembre, les actionnaires de Base Resources devraient recevoir d’ici octobre la contrepartie de l’opération évaluée à 375 millions de dollars australiens (environ 240 millions $).
Avec la fermeture prochaine des opérations de sables minéraux à Kwale au Kenya, Toliara est l’actif phare à l’origine du rachat de Base Resources. Energy Fuels veut en effet alimenter son usine de production d’oxydes de terres rares avec la monazite contenue dans les sables minéraux de Toliara. Une production annuelle de 21 800 tonnes de monazite sur 38 ans est notamment attendue à la future mine, selon une étude de préfaisabilité de décembre 2023.
« Cette acquisition, ainsi que les capacités actuelles et prévues de séparation des terres rares de l’usine, contribueront grandement à la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement occidentale en terres rares », explique Mark S. Chalmers, PDG d’Energy Fuels.
L’opération illustre la manière dont les Etats-Unis et l’Union européenne comptent s’appuyer sur les futurs producteurs de terres rares en Afrique, en vue de réduire leur dépendance à la Chine. Le pays concentrait en effet 62 % de la production minière et 92 % du raffinage des terres rares à l’échelle mondiale en 2023, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Alors que Pékin impose parfois des restrictions sur cette offre de terres rares, les pays occidentaux cherchent différentes alternatives pour leurs industries.
Quel intérêt pour Madagascar ?
Les pays africains peuvent tirer parti de l’intérêt occidental pour non seulement exploiter plus rapidement leurs réserves, mais aussi développer des capacités de transformation locale. Sur la période 2019-2023, l’Afrique n’a attiré que 2,8 % des investissements directs étrangers (IDE) alloués dans le monde à la transformation des minéraux critiques selon Tralac. Une situation qui contraint le continent à capter par exemple moins de 1 % des revenus de la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques, estime la BAD.
Pour rappel, le secteur minier à Madagascar représente environ 5 % du PIB et 1 % des recettes fiscales, selon les derniers chiffres de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives. Avec l’adoption d’un nouveau code minier en 2023, le gouvernement malgache s’attend à une augmentation des revenus miniers et la relance annoncée du projet Toliara, après environ 5 ans d’interruption, s’inscrit dans ce cadre.
Selon Base Resources, Toliara peut générer « plus de 4,7 milliards de dollars de recettes publiques directes et de dépenses de développement communautaire au cours de la durée de vie initiale de la mine, qui est de 38 ans ».
Emiliano Tossou
source: agenceecofin.com