Production locale de blé : les initiatives se multiplient en Afrique subsaharienne



Production locale de blé : les initiatives se multiplient en Afrique subsaharienne

Production locale de blé : les initiatives se multiplient en Afrique subsaharienne

En Afrique subsaharienne, le blé est la 2ᵉ céréale la plus consommée après le maïs. Bien que la production soit quasi inexistante, à quelques exceptions près, une révolution semble se dessiner avec les récents développements dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest.

Au Burkina Faso, le gouvernement a approuvé le mercredi 23 octobre dernier en Conseil des ministres une convention pour la production de semences de blé sur une superficie de 5 000 hectares en 2024/2025. L’initiative vise notamment à soutenir la production locale, jusque-là expérimentale, de la céréale.

Cette initiative intervient après la réalisation d’un essai concluant qui a permis à l’appareil productif de récolter  250 tonnes de blé au cours de la campagne agricole précédente, à la faveur d’un approvisionnement en 20 tonnes de semences. Elle s’aligne en outre sur l'ambition du plan de relance de la filière blé, initié par le gouvernement en 2023 avec pour objectif de parvenir à récolter 6500 tonnes de la céréale au niveau local, d'ici à 2025.

Il faut noter que l’engagement du Burkina Faso dans le développement de la production locale de blé n’est pas un cas isolé en Afrique de l’Ouest. En avril 2023, le Sénégal a également annoncé des expérimentations de production de blé avec des essais de cultures à grande échelle à partir du mois de novembre 2023. Du côté du pays de la Teranga, l’ambition affichée est beaucoup plus grande avec le gouvernement qui veut parvenir à réduire ses importations de blé de 40% d'ici à 2028.

Plus récemment, en mars 2024, la Mauritanie a également annoncé la réussite d’un premier essai de culture de blé sur une superficie de 200 hectares dans le cadre d’un partenariat public-privé avec des rendements évalués entre 4 et 5 tonnes par hectare dans la région du Trarza.

Globalement, ces différentes initiatives entretiennent l’espoir de limiter les importations de la céréale dans des pays qui importent la quasi-totalité de leurs besoins. D’après les données de la FAO, les pays d’Afrique de l’Ouest ont importé plus de 9 millions de tonnes de blé d’une valeur excédant 3,8 milliards $ en 2022.

Intensification des efforts au Nigeria

Principal importateur de blé en Afrique subsaharienne, le Nigeria est également le seul pays de la sous-région à produire localement du blé à grande échelle, consacrant plus de 100 000 hectares de terres agricoles à la culture de la céréale, d’après les données du département américain de l’agriculture (USDA).

Alors que le pays a récolté en moyenne 92 000 tonnes de blé par an entre 2019/2020 et 2023/2024, couvrant ainsi moins de 5 % de sa consommation annuelle qui s’élève à plus de 4,5 millions de tonnes, les autorités intensifient les initiatives pour améliorer les rendements.

En juin 2023, le Centre national pour les ressources génétiques et la biotechnologie (NACGRAB) a ainsi approuvé la commercialisation et l’utilisation de 4 nouvelles variétés de semences de blé développées par l’Association nationale des minotiers (FMAN).

Selon les chercheurs, ces nouvelles variétés peuvent permettre d’obtenir des rendements de 6 à 7 tonnes par hectare sur des cycles de production plus courts que les semences conventionnelles qui affichent un rendement moyen de 1,2 tonne par hectare.

Des avancées notables en Afrique australe et de l’Est

À la différence de l'Afrique du Nord, où le blé est une culture historique profondément ancrée dans les traditions agricoles, peu de pays situés au sud du Sahara possèdent les conditions biophysiques (climat et sol) favorables pour produire du blé de manière compétitive. Cependant, certaines exceptions existent et illustrent qu’il est possible de surmonter ces contraintes.

Le Zimbabwe est devenu, depuis la campagne agricole 2021/2022, le premier pays africain à réaliser l’autosuffisance en blé avec une récolte historique de 375 131 tonnes. Cette embellie illustre un pari gagnant de l’irrigation agricole pour la filière zimbabwéenne. Dans le pays d’Afrique australe,  la culture de blé est presque essentiellement irriguée  et le gouvernement a entrepris d'accroître davantage la production pour se lancer sur le segment de l’exportation à destination des pays voisins comme le Mozambique.

Pour la campagne agricole de 2024, l’ambition affichée par les autorités est de parvenir à récolter 600 000 tonnes de blé.

Premier producteur de blé en Afrique subsaharienne, l’Éthiopie est le pays le plus proche de l’autosuffisance dans la région après le Zimbabwe, affichant un taux de couverture de près de 80%. Selon les données de la FAO, le pays d’Afrique de l’Est a produit 5,7 millions de tonnes de blé en moyenne par an entre 2020 et 2022 alors que sa consommation annuelle moyenne sur la même période était évaluée à 7,2 millions de tonnes.

A l’instar du Zimbabwe, les efforts sur l’irrigation sont au centre de la stratégie de développement de la filière dans le pays des Négus, pour les prochaines années. Au cours de la campagne estivale 2022/2023, le pays a plus que triplé la surface dédiée au blé irrigué, atteignant près de 450 000 hectares, soit environ 20 % de la superficie totale (environ 2 millions d’hectares) consacrée chaque année au blé. Dans le pays, le gouvernement ambitionne de faire passer la culture de blé irriguée à plus de 1,5 million d’hectares d'ici à 2028.

Stéphanas Assocle


source: https://www.agenceecofin.com/

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